DEUXIEME PARTIE : LA NOTION DE "DISCIPLINE" ET LES SAVOIRS SCOLAIRES EN PERSPECTIVE.

 

 

EDUQUER LE CITOYEN

 

L'éducation civique et morale, une exigence renouvelée

 

  

 

INTRODUCTION

 

Pas tout à fait un "enseignement" comme les autres.

L'éducation civique au centre, au cœur, au carrefour des finalités de l'école, aujourd'hui comme hier.

Aujourd'hui comme hier ? Prenons garde cependant à ne pas laisser entendre qu'il suffirait d'en appeler à une restauration de l'éducation civique pour régler tous les problèmes de l'école d'aujourd'hui.

 

 

I. LE RETOUR DE L'EDUCATION CIVIQUE ET MORALE

 

 

Citoyenneté : un terme, une idée, une valeur, une préoccupation dont on ne pouvait prévoir la fortune actuelle, et le consensus ! Elle est dans toutes les bouches, elle clôt tous les discours, comme au bon vieux temps. Tout comme la laïcité : une valeur redécouverte.

"Ségolène Royal sonne le retour de l'instruction civique dans les écoles" (Journal Le Monde, 27 novembre 1997). Renforcée en primaire et au collège, elle devient obligatoire au lycée. "Valeurs républicaines", "morale civique", "vivre ensemble", "citoyenneté". L'instruction civique sera désormais enseignée de la maternelle au lycée. A l'école élémentaire, les instituteurs devront privilégier l'enseignement de la civilité, à travers des valeurs comme la tolérance et la responsabilité.

 

Un retour cyclique. Le précédent des Instructions de 1985. Comment était alors accueilli, chez les enseignants, ce retour ? Les réactions du public normalien d'alors, à leur lecture et à leur injonction, je puis en témoigner, traduisaient presque toujours une distance amusée, souvent un scepticisme poli. Il me semble que le contexte s'est modifié.

 

 

Une question ne peut manquer de se poser : pourquoi ?

 

Un exemple : l'éducation à la "politesse" à l'école maternelle. Que visent, veulent les enseignants, les parents ? Deux conceptions relativement antagonistes : politesse par héritage et politesse par scrupules. (Cf Sophie Duchesne, "La politesse entre utilité et plaisir. Modes d'apprentissage de la politesse dans la petite enfance", Esprit juillet 1997, p. 60 et suivantes).

 

 

Des distinctions nécessaires : socialisation, éthique, morale, civisme, citoyenneté

La tentation de "tout" demander à l'éducation civique et morale.

 

Une situation qui n'est pas propre à la France. Le problème a une dimension européenne, occidentale.

 

 

L'éducation civique, entre école et société.

 

La formation du citoyen - condition de la démocratie - est bien la tâche de l'école. Et même sa raison d'être.

 

Mais l'école ne peut être redevable de tous les maux de la société. Une bonne part des maux dont souffre une école malade de la société guérirait peut-être avec elle.

 

L'éducation civique dans l'école d'aujourd'hui demande une réflexion sur la citoyenneté dans le monde d'aujourd'hui.

 

L'éducation civique dans l'école d'aujourd'hui concerne une citoyenneté en recomposition. Et d'abord en crise (manque d'engagement dans la cité, coloration éthique plus que politique des engagements, perte de confiance dans l'univers politique, etc). Paradoxe : unanimité et consensus pour voir dans l'éducation à la citoyenneté la réponse urgente aux problèmes de l'école… mais nous ne savons plus très bien ce qu'est la citoyenneté.

 

 

Reste que l'éducation civique "repensée et élargie", indique bien de quel côté se trouvent le sens et la raison d'être de l'école républicaine : du côté de la citoyenneté, des vertus et des valeurs morales, de la laïcité.

 

II. L'EDUCATION CIVIQUE DANS LES PROGRAMMES DE L'ECOLE PRIMAIRE

 

La lecture des programmes fixés par l'arrêté du 22 février 1995 sera plus particulièrement attentive à trois considérations :

- Les objectifs et les finalités : que vise-t-on dans l'éducation civique et morale ?

- La nature et le contenu des activités : quelles pratiques et quels appuis pédagogiques ?

- La philosophie politique engagée : quelles valeurs et quelles conceptions du politique et de l'éthique ?

 

 

1. L'école maternelle : "vivre ensemble"

 

Aspects pédagogiques (objectifs) : un "cheminement vers une plus grande autonomie".

 

Nature et contenu des activités

Accueil

Vie collective

Communication

 

Une éthique de la communication

"Apprendre à vivre ensemble, c'est aussi apprendre à communiquer"

Une conception de la démocratie et des valeurs assez proche de "l'éthique de la discussion" et de la "rationalité communicationnelle" de Jürgen Habermas : nous dialoguons, communiquons, nous sommes des êtres de discours : telle est la forme fondamentales d'une existence socialisée qui, loin de s'appréhender dans le conflit ou la lutte, vit son expérience langagière comme une communication réglée.

 

2. Le cycle des apprentissages fondamentaux

 

"C'est à partir de la vie de la classe que l'enfant découvre les règles de la vie en société, les valeurs qui la fondent et fait l'apprentissage de sa propre responsabilité".

 

La vie en commun : une pratique réfléchie

 

La vie civique

 

3. Le cycle des approfondissements

 

Aspects pédagogiques (objectifs) : des principes fondamentaux

 

La vie civique dans la société

 

De l'école à la société : vers une citoyenneté responsable

 

4. Regards sur le collège

 

Parole, communication et démocratie

 

Il existe un dossier, intitulé "Education civique", créé par l'OCCE en Octobre 1988. Il s'agit d'un "fichier destiné à aider tous les maîtres à rendre effectif et efficace l'enseignement de l'Éducation Civique, redevenu "domaine fondamental" dans les Programmes et Instructions de l'École élémentaire de 1985."

III. FONDEMENTS PHILOSOPHIQUES ET POLITIQUES

On l'aura constaté : l'éducation civique et morale doit prendre appui sur une réflexion et une clarification philosophiques et politiques. Ce chapitre propose quelques repères.

 

1) Education et valeur

On ne peut faire l'économie d'une réflexion sur les valeurs.

Trop de discours vont répétant la plainte du "déclin" des valeurs, de la "perte" du sens des valeurs. Mais qu'est-ce qu'une valeur?

Le philosophe Olivier REBOUL proposait de définir les valeurs en rappelant d'abord "qu'elles constituent le contraire de l'indifférence. Oui", ajoutait-il, "la valeur est là dès que les choses cessent de "nous être égales", dès que l'une d'elles appelle ou suscite notre préférence" 1.

Cela signifie fondamentalement qu'il n'y a pas d'éducation sans valeur. L'éducation valorise. Comme le dit encore Olivier REBOUL, apprendre, "c'est parvenir à mieux faire, à mieux comprendre, à mieux être. Or, qui dit "mieux" dit valeur" 2.

 

Les valeurs ne sont pas à l'extérieur de l'éducation, comme quelque chose qu'il faudrait inculquer et implanter, elles sont dans l'éducation même, elles en sont le sens.

 

 

2) La personne et le citoyen

L'éducation civique recouvre une double ambition: éducation du citoyen, certes, mais tout autant éducation de la personne, sans laquelle il ne peut y avoir de pleine citoyenneté.

Ces deux dimensions se superposaient, elles ne se recoupent plus d'évidence aujourd'hui, le développement de l'individualisme brouille les cartes.

 

Nous sommes très soucieux de ce que nous croyons être la personne, beaucoup moins de la Cité, de l'État, de la polis.

Nous avons même une approche psychologisante du "vivre ensemble", dont témoignent à mes yeux les ambiguïtés d'une notion comme celle de socialisation, trop souvent réduite à la capacité de s'ouvrir aux autres, en oubliant qu'il s'agit aussi d'apprendre à décider, délibérer, projeter, gérer, etc... Bref en oubliant la dimension du bien commun dont le politique a la charge.

 

3) Individualité et citoyenneté

La citoyenneté comporte trois dimensions, trois niveaux d'intégration de l'individu : intégration à la communauté sociale, intégration à la communauté culturelle et historique, intégration à la communauté politique. Mais le premier niveau tend de plus en plus à court-circuiter les deux autres.

a) Passons rapidement sur un certain effacement de la communauté culturelle et historique, aisément perceptible.

Ici, les références d'intégration se trouveraient dans les traditions, le passé, la culture comme façon de vivre et de penser. L'État apparaît alors comme l'incarnation de cette idée nationale, de cette identité dont il serait le défenseur. On serait donc citoyen par adhésion à cette culture.

L'unité présumée de cette culture s'avère très contestable. Ce qui fait la communauté, ce n'est pas une identité originelle toute mythique - on en connaît les dangers - c'est une longue histoire composite. L'intégration doit être ici celle d'une citoyenneté ouverte à sa propre complexité historique et à la diversité des cultures.

b) L'intégration à la communauté politique est peut-être devenue encore moins lisible.

La communauté politique semble n'être qu'une communauté de fait, rassemblant des individus dont les origines et les habitudes diffèrent, chapeauter d'un État perçu comme un pouvoir extérieur et subi, imposé aux individus ou aux communautés. On est loin de la fière appellation de "Citoyen"!

Comment faire comprendre que l'État est l'affaire de tous, qu'il est la forme d'organisation que la communauté se donne en démocratie, quand le pouvoir du "maître" est remplacé par l'autorité d'une même loi à laquelle tous sont également soumis ? Il ne suffit pas de "l'apprendre" sous la forme d'un corps administratif et législatif.

c) Restent alors deux pôles: l'individu, et la vie sociale dans laquelle il est pris, comme travailleur, comme habitant, producteur, consommateur, etc..., selon des rapports quotidiens de travail et d'échanges, des relations de proximité.

C'est bien dans cette communauté-là que la plupart d'entre nous s'intègrent.

 

La société mondiale est l'horizon de cette conception. Selon Patrice CANIVEZ, "cela signifie que nous ne sommes pas essentiellement à nos propres yeux des citoyens, mais d'abord des travailleurs et des individus, membres anonymes et interchangeables d'une société qui déborde les cadres de la nation" 3.

 

Dans cette perspective, la citoyenneté politique risque de devenir une notion marginale, voire même dépassée. La spontanéité et l'enracinement, l'accomplissement et la vie réelle sont dans la société, l'État n'est plus qu'un mal nécessaire, et la citoyenneté ne donne pas une valeur ou une dignité supplémentaire à l'individu.

C'est pourquoi, conclut Patrice CANIVEZ, "la citoyenneté paraît définir un cadre à la fois trop large et trop étroit. Trop large par rapport à la vie de l'individu privé ou à l'idéal de la communauté soudée autour de quelques valeurs; trop étroit par rapport à cette société mondiale à laquelle les médias donnent un visage à la fois quotidien et concret". Citoyens du monde, alors ?

 

 

 

4) La morale et la crise du monde moderne

On ne peut se le dissimuler: la demande d'éducation civique et morale s'inscrit sur fond de crise.

De façon très significative, Louis LEGRAND ouvrait son livre, Enseigner la morale aujourd'hui, sur un inventaire des symptômes de cette crise: insécurité, violence, montée de l'intolérance et du fanatisme, "évolutions techniques qui brouillent les jugements", invasion d'une société de consommation et du profit, "confusionnisme éthique" 4.

Ce que traduit cette crise, c'est bien sûr la mise à mal du lien social, mais aussi une mutation profonde des traditionnelles fondations de "l'autorité".

Fin d'une société normatrice et de la morale disciplinaire comme la concevait encore DURKHEIM. Fin d'une hiérarchie sociale "homogène", de la congruence des différents niveaux de l'autorité (École, famille, état, médias...). Je ne crois pas qu'on doive le regretter.

 

IV. FONDEMENTS PHILOSOPHIQUES ET PEDAGOGIQUES

 

1) Education civique et école

Il est nécessaire de le rappeler d'emblée : l'éducation civique et morale est une exigence fondatrice de l'École, de l'école comme "idée" et de l'école comme "institution".

Insistons encore. L'ordre fondateur, légitime, n'est pas : lecture, écriture, calcul, etc..., puis éducation civique et morale pour parachever. Mais bien: République, donc éducation civique et morale, donc lecture, écriture, calcul, etc...

L'École qui instruit a donc la charge du contrat social, elle crée les conditions d'existence de la démocratie et de ses valeurs. CONDORCET commençait par là les premières lignes de son premier des Cinq mémoires sur l'instruction publique: "L'instruction publique est un devoir de la société à l'égard des citoyens" 5.

Certes, il ne suffit pas de ramener l'École à ses fondements historiques pour la mettre à la hauteur de ses missions contemporaines. Rappeler la valeur civique de l'instruction, des connaissances, quand règne le "tout didactique", ne m'en semble pas moins utile.

 

2) L'école et la morale laïque

Voilà un autre élément que l'histoire de l'école conduit à rappeler: la possibilité et l'enseignement d'une morale laïque - au moins dès la fondation scolaire de la IIIème République - ont été des enjeux majeurs de l'École.

 

Il s'agissait de prouver qu'une véritable éducation morale était possible indépendamment de la religion et de l'enseignement religieux. Question philosophique assez redoutable, celle d'un fondement profane de la morale 6, à laquelle se seront attelés les pionniers et les fondateurs de l'école laïque.

Lisons par exemple ce que déclarait Émile DURKHEIM en 1902, s'adressant à des instituteurs:

"Si j'ai pris pour sujet de cours le problème de l'éducation morale, ce n'est pas seulement en raison de l'importance primaire que lui ont toujours reconnue les pédagogues, mais c'est qu'il se pose aujourd'hui dans des conditions de particulière urgence. En effet, c'est dans cette partie de notre système pédagogique traditionnel que la crise atteint son maximum d'acuité. C'est là que l'ébranlement est peut-être le plus profond, en même temps qu'il est le plus grave" 7.

 

N'est-ce pas encore aujourd'hui sur cette difficulté-là qu'on attend l'École ? La foi en la toute puissance de la science et de la raison, une philosophie qui mêlait un certain positivisme et la pensée des Lumières ont été au fondement de l'éducation morale laïque. Voilà encore une foi que notre siècle a mise à mal...

 

3) La morale peut-elle s'enseigner ?

Comment enseigner la morale et le civisme? Et même: la morale peut-elle à proprement parler s'enseigner? Ces questions doivent être posées.

Hors du dogmatisme, les réponses ne vont pas de soi. Des points de vue et des pratiques opposés, des philosophies et des pédagogies divergentes traversent l'école sur ce sujet. La question a l'âge de la philosophie. Elle était formulée dans PLATON dès le début du Ménon : la vertu peut-elle s'enseigner et s'apprendre ? S'acquiert-elle par l'exercice ?

Bref, les principes et les valeurs qui régissent les choix, les maximes qui gouvernent la (bonne) volonté sont-ils enseignables? Philosophiquement, deux grandes conceptions peuvent être dégagées:

 

a) La citoyenneté est foncièrement affaire d'éthique, de morale, de volonté. L'éducation du citoyen est donc d'abord éducation de l'être moral, de la volonté, de la conscience: l'amour du bien, la haine du mal. Il faut former-forger le caractère, éveiller en chacun la conscience morale, l'intuition morale.

 

La pratique de l'école traditionnelle s'inscrit assez bien dans cette conception. La leçon de morale y vise le citoyen en le disposant au bien. Cette "morale de nos pères" que Jules FERRY demandait aux instituteurs d'incarner s'enseignait certes à travers des leçons spécifiques, progressives, ajustées à l'âge des enfants, mais tout autant à travers l'histoire et la littérature, s'emparant de toute occasion de s'interroger sur les valeurs. Voir le célèbre Tour de France de deux enfants.

 

La notion centrale de cette conception est sans doute celle d'intuition morale. Les valeurs sont directement accessibles en chaque conscience, telle est la conviction qu'un Ferdinand BUISSON explicite dans son Dictionnaire de pédagogie et pose au fondement de l'éducation morale laïque :

"La France républicaine a cru à la possibilité d'une intuition morale. Elle a fondé tout son régime éducatif sur cette puissance de l'intuition. Le propre de cette éducation est de produire une sorte d'action directe du bien, du beau et du vrai sur l'âme humaine. C'est spontanément et immédiatement que la conscience, la raison, la sensibilité, la volonté, impressionnées par l'idéal moral, s'en imprègnent, en subissent l'attrait, en suivent l'impulsion, tendent à le réaliser" 8

 

b) Seconde option: la citoyenneté est affaire de connaissance et de raison. La morale naturelle, la "bonne" volonté, la conscience bien disposée n'y suffisent pas. Sans savoirs, sans lumières, sans connaissances, la conscience risque d'être aveugle.

C'était bien la conviction de CONDORCET, bien éloigné en ceci de la conception de Jules FERRY:

"On se tromperait si on croyait qu'en nourrissant dans l'âme l'amour de l'égalité et de la liberté, en l'inspirant dès l'enfance, en la fortifiant par des institutions morales, on assurerait à un peuple la jouissance de ses droits... Une instruction universelle, en se perfectionnant sans cesse, est le seul remède" 9.

 

Les Instructions de 85 s'inspiraient de l'esprit de CONDORCET en faisant de la vertu, de la morale, la conséquence éducative de l'instruction civique.

 

DURKHEIM mettait au service de l'éducation morale laïque une conception originale. Aux yeux du sociologue, la morale est relative aux sociétés, lesquelles moralisent les individus dès leur naissance, par le langage, les cadres familiaux, les institutions. Les normes intégratrices s'imposent de l'extérieur à l'enfant comme au maître. La classe - micro-société libérée des enjeux affectifs familiaux - contribue à la fois à l'intériorisation et à l'explicitation rationnelle des normes : telle est la morale laïque et rationnelle de l'école.

Comment situer les conceptions de l'école active? Toutes semblent bien tenir que la morale et la citoyenneté s'apprennent par l'exercice de la vie en commun qu'est la classe avec son organisation et sa coopération. PIAGET apporte une sensibilité particulière, en croyant pouvoir décrire chez l'enfant l'évolution naturelle d'une morale de la contrainte à une morale de la réciprocité. Mais peut-on tenir le pari d'une évolution démocratique spontanée?

 

V. PERSPECTIVES ET CONCLUSIONS

 

1) La question clé des droits et devoirs des élèves

Peut-il y avoir citoyenneté sans délibération, décision, responsabilité, gestion d'un bien commun ?

Plutôt le modèle de "la démocratie radicale" (Habermas) que celui de la représentation déléguée.

La parabole de l'homme révolté (Albert Camus)

 

2) Deux priorités

L'état des lieux de la société contemporaine me paraît appeler aujourd'hui deux priorités :

- Priorité du lien social. Elle commande l'actuel "retour" de l'éducation civique, l'insistance de la demande. L'École est en passe de devenir l'un des derniers lieux de constitution et de préservation du lien social, et du coup les vertus et les finalités civiques reviennent au tout premier plan.

- Priorité d'une redéfinition de la relation enfant-adulte, laquelle doit être repensée, ré-inventée (si l'adulte n'est plus un modèle définitif, une norme, quoi alors ?).

 

3) Deux conclusions

a) La demande d'éducation civique, son "retour", ne sont peut-être après tout qu'un rappel opportun de la vocation pleinement éducative de l'école. La simple "instruction", si elle n'a plus de sens que celui de l'efficacité didactique, et plus d'autre valeur que celle de la "réussite" du gestionnaire des apprentissages, ne peut suffire. Si l'instruction se réduit à cela, alors oui, il faut oser éduquer.

 

b) La morale à l'école, certes; mais aussi la morale de l'école !

Emmanuel KANT, Réflexions sur l'éducation, Paris, Vrin, p.79

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1. Olivier REBOUL, Les valeurs de l'éducation, Paris, PUF, p.1

2. Idem

3. Patrice CANIVEZ, Éduquer le citoyen ?, Paris, Hatier, 1990, pp. 12-13

4. Louis LEGRAND, Enseigner la morale aujourd'hui ?, Paris, PUF, 1991, chapitre premier

5. CONDORCET, Cinq mémoires sur l'instruction publique, in Écrits sur l'instruction publique,volume premier, éd. Edilig, p.35

6. Voir par exemple Guy COQ, L'impossible morale laïque ?, in Démocratie, Religion, Education

7. Émile DURKHEIM, L'éducation morale, PUF, p.2

8. Ferdinand BUISSON, Nouveau dictionnaire de pédagogie, Paris, Hachette, 1911, p. 1349

9. CONDORCET, Rapport et projet de décret …