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Le Kosovo vient de déclarer
unilatérallement son indépendance, en
gestation depuis de longues années, et après
un conflit armé où l'OTAN et l'Union
Européenne ont été
dépéchés en pacificateur. Une centaine
d'états ont promis de reconnaître ce nouveau
pair, mais certainement pas la Serbie, qui voit une de ses
"provinces" se soustraire à son autorité, ni
les amis de la Serbie, comme la Russie, qui demande une
réunion d'urgence du Conseil de
Sécurité de l'ONU.
L'émancipation d'un peuple s'inscrit, à mon
avis, dans le sens de l'histoire. Aucun groupe humain n'a le
droit d'imposer sa volonté à un autre groupe
d'hommes, et aucune raison ne peut justifier la servitude de
certains hommes, alors que d'autres seraient leurs
maîtres. Cependant, ceux qui vivent joyeusement une
telle indépendance peuvent provoquer des
débordements violents chez ceux qui pourraient se
sentir frustrer, surtout dans une région où
l'éclatement de l'ex-yougoslavie laisse des
cicatrices pas encore refermées. Les serbes ont beau
jeu maintenant de proposer de reconnaître
l'indépendance de la Corse, de la Bretagne, de
l'Écosse ou de la Catalogne. Et à mon avis,
ils ont raison.
L'échelon européen pourrait être un lieu
pacificateur pour l'émancipation des peuples à
l'intérieur de l'Union. Si l'U.E. devient le seul
représentant de tous ses membres auprès de
l'O.N.U, et si les états acceptent de laisser un peu
de leur souveraineté au profit d'une
souveraineté européenne, alors chaque
région de l'Union Eurpéenne pourrait
être reconnue comme membre de l'U.E. sans qu'elle ait
besoin de revendiquer une représentation
internationale devant l'O.N.U. Je tire une grande
leçon de diplomatie et de démocratie dans la
création du Canton du Jura en Suisse le 1er janvier
1979. Des politiques, des autonomistes, presque
indépendantistes, avec des diplomates, des juristes,
etc, ont réussi à donner satisfaction à
un groupe humain, sans qu'un seul coup de feu soit
tiré, et ceci par voie démocratique et
électorale. Pourquoi ne sommes-nous pas capables au
niveau de l'Europe de faire ce que la Suisse est capable de
faire depuis au moins le siècle dernier ?
Si les états membres de l'U.E. voulaient abandonner
un petit peu de leur souveraineté, prestige ou
superbe, et s'en remettre à l'Union en contribuant
à sa construction, à sa
légitimité et à son poids dans le
concert international et à l'O.N.U., non seulement le
Kosovo viendrait naturellement compléter le puzzle
européen, mais aussi d'autres régions, dont
l'histoire est à mon sens la justification sufisante,
et qui n'auront pas forcément de reconnaissance
à l'O.N.U, comme Andorre, San Marin, le
Liechstenstein, Monaco, ou l'Alsace, la Corse, la Bretagne,
la Catalogne, l'Écosse, la Kymrie, la Frise, et
même la Flandre et la Wallonie, et toutes les
régions que j'ignore, mais qui aspirent à
l'indépendance ou à l'autonomie. Ces peuples
et ces territoires ont autant de légitimité
à être reconnus par l'Union Européenne,
que d'autres qui leur sont comparables et qui sont
déjà membres de l'U.E. : Malte, Chypre, ou le
Luxembourg.
L'Europe nous est nécessaire pour vivre en paix :
sachons en utiliser tous les avantages.
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