La pag'oj de Goelano Les pages de Goéland

4. Aktualeco reagigas min. Kaj vi ? L'actualité me fait réagir. Et vous ?

Dum 2002
En 2002

14.01.2002

Lundi 14.1.2002, Johnny Hallyday vient de finir le rallie Paris-Dakar :

Johnny, c'est un homme, et il en a.
Il a dit qu'il voulait faire le Paris - Trois Quarts
Au moins une fois dans sa vie, Johnny
Parce que c'est une histoire d'homme.
Johnny c'est un mec, et il en a.
Il fait ce qu'il dit, Johnny.
Il fait le Paris - Trois Quarts, Johnny
Johnny c'est un mec, et il en a.

Ça a été dur pour Johnny,
Mais il arrive au bout, Johnny
Avec 94 heures de retard sur le premier,
Mais il est à l'arrivée, Johnny ;
Parce que Johnny c'est un mec, et il en a !

Il a dit, Johnny, que s'il arrive à Dakar, Johnny,
Il arrête de fumer, Johnny.
Johnny c'est un mec, et il en a !
Il fait ce qu'il dit, Johnny
A Dakar il a déchiré son paquet de Gitanes, Johnny.
C'est dur pour Johnny
Mais Johnny c'est un mec, il en a,
Et elles sont en zinc !

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16.04.2002

2001 a été l'année où la carte bleue a dépassé le chèque en nombre d'opérations : 4,2 Milliards par carte contre 4 Milliards de chèques. Un indice supplémentaire qui montre que l'année 2001 marque véritablement un tournant entre les 2 siècles.

12.06.2002

Au mondial de foot l'équipe de France se fait sortir. S'ils avaient passé le 1° tour, ils auraient été imbattables comme Jospin (phrase entendue à France Info).

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05.10.2002

Je viens d'aller voir le film "être et avoir" de Nicolas Philibert. Le cinéaste nous montre une classe unique dans un environnement de montagnes auvergnates, qui ressemble bien à celles que je visite, puisque j'aide les enseignants à maîtriser leur informatique depuis 1985 dans cette région. Ce film est beau. Il n'y a pas d'intrigue, il n'y a pas de dénouement, il n'y a pas d'attente : c'est un documentaire, qui reflète de près la vie quotidienne de cet enseignant et de ces élèves, de cet homme et de ces enfants.
Je fais la différence entre ce que nous montre le cinéaste, et le travail réel en classe de M. Georges Lopez. Le maître que nous voyons est un artiste au faîte de la maîtrise de son art. Il est à un an de la retraite, et son expérience est immense. Il sait faire travailler dans la même salle de classe les petits, les CP et les grands, comme disent les enfants, alors que celle-ci n'est pas grande. Il maîtrise le bruit dans cette pièce, et possède avec chaque enfant une relation unique, alimentée par des paroles à propos, des regards, des gestes, voire des attouchements, qui respectent la personne de l'enfant tout en lui imposant un objectif à atteindre et en lui donnant les moyens de l'atteindre progressivement, suivant les besoins qu'il sent poindre au fur et à mesure chez l'enfant. Il maîtrise tous les outils dont il a besoin et qu'il a rassemblé petit à petit au long de ses années (livres, classeurs de références à la disposition des élèves, rangement de feutres et autres crayons, etc). Il maîtrise la répartition des tâches entre ses élèves, de façon à lui laisser le temps de se consacrer à un groupe pendant que les autres ont un travail à faire ; il diversifie les situations (coloriages, étiquettes à organiser, sortie en pleine nature, etc) en maintenant des rites sécurisant pour les enfants (silence debout avant de s'asseoir, la "dictée" régulière, etc) ; il sait utiliser le vécu pour rappeler des connaissances (doigts à laver : comment s'appelle ce doigt-là ?). Il maîtrise la gestion de conflits, entre les 2 grands garçons qui se battent, comme ceux entre les petits qui se "poussent". Il maîtrise le son de voix : son débit, son intensité, son articulation sont adaptés à ses interlocuteurs enfants pour être compris, sans jamais montrer les signes d'une colère violente. Il maîtrise les relations avec les parents, et sait user de psychologie pour les faire évoluer dans leur relation avec leur rejeton. Il sait jouer avec ses élèves (en luge) sans que son "autorité" disparaisse. Bref c'est du grand art, comme on en rencontre souvent parmi les enseignants qui ont 20 ou 30 ans d'expérience.
Je ne sais pas jusqu'à quel point ces capacités sont consciemment mise en œuvre chez ce maître, mais leur efficacité est évidente lorsque les enfants montrent qu'ils sont contents d'être à l'école.
Bien sûr ce maître, présenté par le cinéaste, n'est pas parfait, mais il représente très fidèlement la majorité des enseignants du dernier quart du XX° siècle. En informatique, les ordinateurs sont dans la classe, mais ils sont éteints ; jamais on ne voit les enfants les utiliser ; ceci correspond bien à l'utilisation des salles informatiques dans les villes dans les années 90 : beaucoup de matériel très peu en fonctionnement. Le maître du film est le résultat d'une formation d'enseignant, qu'il a suivi (subi ?) dans les années 60, semble-t-il. Dans cette atmosphère, la classe est organisée par la parole du maître : c'est elle qui régit les devoirs et les droits de chaque individu, qui n'a qu'à écouter et appliquer les consignes. Le film nous montre un enseignant pétri dans cette atmosphère, mais qui essaye de comprendre le point de vue de l'enfant, et qui se laisse parfois emporter par la vision enfantine : par exemple, lorsque les petits parlent de leur futur métier, ce qu'il n'a pas voulu, il n'a pas peur d'amplifier la discussion et de donner à chacun un moment d'expression. Il n'y a pas de "Conseil de coopérative" ou de "parlote du matin", où les enfants prendraient l'habitude de s'exprimer et de construire leur micro-société. La communication avec les enfants va souvent dans un seul sens : il leur parle assez longuement et eux n'ont pas l'habitude d'avancer des arguments en face de ceux de l'adulte. Cet enseignant a été habitué à parler, il n'a pas été formé à écouter (parfois il a du mal à comprendre du premier coup ce que dit un élève, et le fait répéter). Cependant comme tout enseignant, il est en évolution, car il montre qu'il sait très bien que les enfants ont besoin de dire leur représentation mentale avant d'aborder une connaissance ; il sait aussi que la formation par les pairs est très efficace ; lorsque un enfant pose une question ou demande de l'aide, il répercute cette question ou cette demande vers les pairs de l'enfant, pour à la fois montrer la représentation mentale de l'enfant et amorcer un dialogue ou une entraide avec ses camarades, qui vont aussi être incités à dévoiler leurs représentations mentales. Comme je l'ai vu chez beaucoup d'enseignants, c'est une marque d'évolution dans la qualité de leur savoir-faire. Mais quand il veut faire comprendre à Jojo la suite infinie des nombres, il retombe dans le travers de vouloir faire passer à tout prix la notion, sans prendre en compte le concept de Jojo, pour qui les nombres ont une fin. Malgré la bonne volonté de Jojo qui répète gentiment (pour faire plaisir au maître) mille, deux mille, trois mille, ..., un million, deux millions, ..., un milliard, deux milliards, etc (comme il aurait dit une voiture, deux voitures, trois voitures, ou une vache, deux vaches, etc), Jojo pense toujours après la séance que les nombres se finissent quelque part. L'enseignant n'a pas été formé à l'époque où l'on a compris que, en phase d'apprentissage, c'est la parole de l'apprenant qui est prépondérante, pas celle de l'enseignant.
Le cinéaste a certainement sa part de responsabilité dans cette vision. Je m'en aperçois notamment par la gestion qu'il fait de l'émotion. Il me semble qu'il a sélectionné les séquences où il a vu les enfants pleurer et celles où le maître est ému (par exemple au moment du départ en grandes vacances, avec le maître seul dans la classe vide), ce qui donne une quantité d'émotion supérieure à la moyenne des classes que je visite : on dira que c'est la vision du cinéaste et pour les besoins du film.
Il n'en reste pas moins que ce film fera certainement date et deviendra, sinon un monument, du moins un témoin très fiable de la réalité de la vie d'une classe de la fin du XX° siècle.

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05.10.2002

Deux réflexions supplémentaires pour le film "être et avoir".
L'instituteur est coincé parfois dans son action par l'institution et les usages en cours. Je le note surtout à l'arrivée d'un petit de maternelle qui, le jour de la rentrée en classe, s'aperçoit au bout d'un moment que sa maman n'est pas là et qui l'appelle. Malgré l'apaisement que lui témoigne l'enseignant, par des paroles appropriées, en le prenant dans ses bras, en lui proposant des activités, des jeux, la proximité de sa grande sœur, etc, le petit enfant ne comprend pas pourquoi sa mère ne répond pas à ses appels et la réclame par des phrases en français de plus en plus explicite et des pleurs de plus en plus bruyants. Même les essais des autres enfants restent infructueux, et le maître n'a pour ressource finale que de s'assurer que sa grande sœur va essayer de veiller sur lui : de son côté il y a les autres enfants qui ont besoin de son rôle d'enseignant ; il ne peut pas se consacrer exclusivement au p'tit bout de choux, d'ailleurs ça ne sert manifestement à le calmer. Son intégration à la classe se fera de façon cruelle pour la construction psychologique de ce petit : la perte (temporaire) du visage maternel.
J'ose penser qu'en ce début de XXI° siècle, ce stress, traumatisant dans l'histoire de bon nombre d'enfants qui entrent à l'école, est non seulement reconnu mais évité. On sait maintenant que l'adaptation à ce nouveau milieu par l'enfant peut être vécu sur une longue période avec des aller-retours et la présence de la maman en classe pendant un certain temps, variable pour chaque enfant. Il existe des collègue de maternelle qui mettent en place ce système, mais ils (ou elles) sont peu nombreux. L'administration de l'Éducation Nationale n'admet pas que les parents assistent à la vie de la classe, pendant les heures scolaires, et en plus cette pratique n'est pas inscrite dans les habitudes de la société française. Le maître du film est tout à fait dans cette situation : même si son attitude pédagogique le rendait inventif pour trouver une solution non-traumatisante pour le petit enfant, ni sa hiérarchie, ni son entourage ne l'encouragerait. Voilà pourquoi les innovations pédagogiques ne sont portées que par des personnalités bien trempées et souvent marginales (ou marginalisées).
La deuxième réflexion concerne la transmission d'expérience. On voit dans ce film un artisan de la pédagogie en pleine possession de son art, mais cet orfèvre n'a pas d'apprenti. Quand il va partir à la retraite, personne ne sera capable de poursuivre son œuvre, car aucun ouvrier ou aucun compagnon n'a été formé par ce maître. Dans l'Éducation Nationale en cette fin de XX° siècle, il y a une perte énorme d'expérience à chaque départ à la retraite. Je suis convaincu que la transmission de l'expérience acquise se fait dans d'excellentes conditions lorsque l'on sait organiser dans la durée un vécu rapproché entre un ancien qui sait faire et un jeune qui veut savoir faire. Et il ne s'agit pas de gentilles palabres au coin du feu ou dans des centres de formation ad hoc, mais de pratiques en situation avec le maître-artisan pour exemple, pour bouclier, pour paraclet, pour confident, pour "père" professionnel, que l'on peut imiter, certes, que l'on peut aussi interroger, questionner, critiquer, attaquer peut-être, déstabiliser parfois. C'est à ce prix-là que le savoir-faire de l'orfèvre passe à son apprenti, et cela demande plusieurs années.
Il n'est pas évident pour un enseignant de faire la classe avec un œil d'adulte en plus dans la classe. Ils ne sont pas nombreux ceux qui acceptent cette remise en cause possible, et je les comprends. Un enseignant, plus que tout autre professionnel, utilise comme outil sa personnalité propre et attaquer son outil c'est attaquer sa personne, son individualité, sa psychologie intime. Ce qui permet de comprendre qu'un expert de la pédagogie en classe n'est pas forcément capable de former un nouvel enseignant : être maître d'une classe et être formateur de maîtres sont deux métiers différents, et être expert dans l'un n'implique pas forcément l'expertise dans l'autre ! Je m'en suis personnellement rendu compte à mes dépens ! Cependant, je crois qu'il faut que chaque enseignant se persuade de plus en plus de la nécessité de former un successeur, du devoir de transmettre son savoir-faire à au moins un jeune débutant, qui veut devenir enseignant. Actuellement l'Éducation Nationale ne reconnaît pas ce mode de formation. Pourtant Philippe Meirieu dit qu'un enseignant met 5 ans environ pour être à peu près stable dans ses pratiques.
Le modèle du compagnonnage doit nous permettre de repenser la formation des enseignants. Je crois, en ce début du XXI° siècle, que la formation des jeunes enseignants doit se faire au contact des enseignants anciens, de façon à ce que le départ en retraite ne soit plus comparable à la mort d'un griot en Afrique : quand un griot meurt, c'est une bibliothèque qui brûle !

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12.12.2002

Le christianisme semble être la religion la plus pratiquée sur la planète Terre, mais elle est sans contexte celle de l'Occident (Europe et Amérique). Or plus je la pratique et plus je comprends cette démarche envers Dieu, ou cette marche avec Dieu, plus j'ai le sentiment que "être chrétien", c'est-à-dire un Christ en réduction, conduit à une augmentation de la conscience : conscience de soi, des autres, de la nature, des événements qui nous surviennent, etc. D'après Pierre, l'apôtre disciple de Jésus, le baptême, acte initial de la vie chrétienne, est l'engagement d'une bonne conscience envers Dieu (La Bible, 1 Pierre, 3, 21). A partir de cet engagement, il me semble que la conscience augmente en qualité de perception. Ça ne m'étonnerait pas qu'il s'agisse d'un travail du Dieu créateur sur sa créature qui veut marcher avec Lui : Dieu me paraît être un pédagogue hors pair, un formateur de personnalité méconnu.
Une variante de la conscience est la connaissance : de soi (physiologique, psychologique, ...), des autres (société), de la nature (environnement), des événements (histoire), etc, sans oublier l'aspect systématique de la connaissance qui conduit à la science. Ici arrive une nouvelle dimension de la marche avec Dieu, qui est la recherche de l'absolu, avec ses déclinaisons matérielles que sont la vérité, le certain ou l'indubitable, ce vers quoi tend la science, qui découvre des lois mathématiques pour habiller notre nature physique, chimique, etc.

Ce fait me paraît expliquer clairement pourquoi la science émane de l'Occident : la science est un fruit du christianisme, elle en est une conséquence obligatoire. Être de plus en plus conscient de son milieu conduit forcément à le décrire, le formaliser ou le modéliser. Les explications non-pensées, non-réfléchies, non-construites par un raisonnement conscient, donc irrationnelles, ne peuvent pas être acceptables. La conscientisation conduit forcément à la recherche d'une explication (ou une modélisation) claire et évidente pour le plus grand nombre. Descartes en a été le chantre. La mise au point des Droits de l'Homme comme droits clairement identifiés pour chaque individu est un exemple de cette construction claire et s'imposant à tous, dans les relations entre individus : conscience de la loi, lois émanant des consciences. La mise au point de la Langue Internationale Espéranto en est un autre exemple : volonté d'une communication transparente entre les humains.
L'informatique en apporte une preuve supplémentaire. Aujourd'hui les systèmes d'exploitation des micro-ordinateurs interdisent l'initialisation du support magnétique, duquel ils émanent : par exemple, il est impossible de formater le disque d'un PC quand Windows a démarré de ce disque ; de même on ne peut pas initialiser le disque d'un Macintosh quand Mac OS a démarré de ce disque. Un ordinateur ne peut donc pas se suicider, ou plutôt un utilisateur ne peut pas suicider son ordinateur. Dans le christianisme le respect de la vie à tout crin peut conduire à l'interdiction du suicide. Si l'informatique, qui est une conscientisation absolue (modélisation) de l'information avait été inventée ailleurs qu'en Occident, par une société non-christianisée, je ne suis pas sûr que le suicide de l'ordinateur aurait été interdit.
Je pense que la lutte contre la corruption et la mauvaise foi, qui caractérise nos démocraties actuelles, même s'il reste des progrès à faire dans pas mal de domaines, est un autre exemple de cette volonté de construire des relations humaines conscientisées et sans dissimulation ; la mise au point d'un plan comptable généralisé à toutes les transactions financières montre bien cette volonté d'obliger à parler un langage commun sans équivoque et sans tromperies. Même si d'autres sociétés ont eu de grands mathématiciens et ont donné des apports capitaux au commerce, c'est d'Occident qu'est sorti le Plan Comptable.
De même pour la lutte contre les psychotropes et les hallucinogènes, qui embrument la conscience, l'endorment et l'empêchent de travailler dans la clarté, alors que dans d'autres sociétés leur consommation est quotidienne, voire érigée en institution.
Fondamentalement, le christianisme est à l'origine de la conscientisation du monde.

Cependant, poussée à l'extrême, la conscientisation peut générer un défaut : l'ignorance de l'inconscient. Puisque tout est conscientisé, voire maîtrisé, il n'y a pas de place pour le non-conscientisé, et par conséquent il ne peut exister de non-rationnel ; ou bien l'irrationnel n'a que peu de valeur et doit être au moins délaissé, et au plus combattu. L'exacerbation de cette pensée conduit au totalitarisme : puisque tout est pensé, rationalisé, organisé, il n'y a plus de place pour le flou, l'imprévu, la fantaisie, voire la créativité. Des exemples célèbres ont émaillé l'histoire, de Galilée à Freud, en passant par tous les scientifiques ou artistes qui ont subi les foudres des autorités religieuses. Freud en est le plus emblématique puisque justement il révélait à la conscience de tous l'existence d'un "inconscient" : comment peut-il exister un inconscient de l'être humain ou un inconscient d'une société humaine, alors que tout est conscientisé dans notre civilisation hautement technologique, notre modernité hautement scientifique et rationnelle, et nos sociétés juridiquement organisées et complexes ?
C'est aller un peu vite dans la recherche de l'absolu. C'est oublier les paroles de Jean Baptiste : "Il faut qu'Il croisse et que je diminue" (La Bible, Jean, 3, 30), ou celles de Paul "Christ a aimé l'Église ... afin de la sanctifier après l'avoir purifiée par l'eau et la parole, pour faire paraître devant lui cette Église glorieuse, sans tâche, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et sans défaut." (La Bible, Ephésiens 5, 25 à 27). La conscientisation que Dieu construit en chaque individu est un long travail, loin d'être achevé : ce qui n'est pas encore conscientisé est peut-être plus grand (plus important) que ce qui a été conscientisé (grâce à mon expérience personnelle de la vie ou grâce à l'empilement de connaissances accumulées par les générations précédentes). "Il faut qu'Il croisse" signifie que ma capacité à être conscient de ce qui m'entoure grandit avec le temps ; "que je diminue" signifie que ma façon primitive de voir le monde s'efface progressivement. Mais le "il faut que" montre bien que ni l'un ni l'autre ne sont achevés, et j'ose penser que ma perception du monde s'enrichit de l'un et de l'autre.
Au niveau de l'humanité, la purification et la sanctification correspond à cette conscientisation collective qui pousse à la clarté dans les relations humaines, aux savoirs en relations sociales, mais aussi à l'augmentation du capital scientifique. L'élimination des tâches et des rides veut faire disparaître les non-dits, les tractations cachées à la masse, le flou difficilement appréhendable, ... tout ce qui n'est pas clair pour la conscience individuelle ou collective.

La marche avec Dieu, marche vers l'absolu, l'augmentation de ma conscience ne doit pas me faire oublier que je ne suis pas encore conscient de tout, que je ne maîtrise pas tout et que donc l'irrationnel existe et a droit de citée. Même si le non-organisé, l'imprévu, voire le nouvellement créé est pour moi de l'inconnu, il n'est pas forcément effrayant ou non-digne d'intérêt, et peut même devenir un objet d'étude, de façon un jour à être bien expliqué à ma conscience, et à la conscience et connaissance des autres.
Si cette notion avait été mise en pratique dans les siècles passées, les autorités religieuses ne se seraient pas livrées à des chasses aux sorcières, aujourd'hui décriées. S'occuper de la croissance de sa conscience propre n'interdit pas de s'occuper de la croissance des autres consciences ; au contraire l'intérêt que l'on porte à la qualité des relations humaines avec autrui entraîne forcément que l'on s'intéresse au cheminement des autres dans l'augmentation de la qualité de leur conscience ; et donc les consciences et savoirs différents peuvent devenir dignes d'intérêt, voire dignes d'étude. Dans ce cas leur disparition est dommageable et leur conservation nécessaire. Un seul exemple : pendant des siècles, les pharmacopées africaines, amazoniennes ou amérindiennes ont été au moins ignorées et le plus souvent combattues voire détruites. Ce n'est que récemment que la science (occidentale) étudie la façon dont les amazoniens utilisent certaines plantes, ou plus étonnant encore comment les indiens Navajos soignent les maladies en regardant des dessins et des constructions de sables colorés.
Même si le christianisme a conduit l'Occident à une conscientisation du monde qui l'entoure et à son organisation, les occidentaux ne doivent pas oublier que le droit à la différence de penser (ou le respect d'une conscience en marche, mais différente) est forcément enrichissant pour qui s'y intéresse, et conduit forcément à une valeur indispensable à notre XXI° siècle : la tolérance.

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14.12.2002

La revue de la MGEN 63 d'Octobre 2002 apporte un exemple de plus à ma thèse sur la capacité qu'a le christianisme à générer des outils de relations sociales "sans ombres" pour les masses humaines. La couverture de cette revue montre une sculpture en bronze d'Emile-Louis Picault (1840-1915), visible au siège de la Mutualité du Puy de Dôme : il s'agit d'un personnage habillé d'un simple tablier de cuir autour des reins (peut-être un forgeron) qui tient dans sa main gauche une tablette sur laquelle est écrit : Aidez-vous les uns les autres.
L'entraide est une valeur fondamentale de la mutualité, et une préoccupation originelle pour les créateurs enseignants de la MGEN. "Les uns les autres" souligne le caractère non-discriminatoire de cette entraide, qui doit s'adresser à tous (les être humains) quelque soient leurs âges, santés, professions, origines politiques, sociales, religieuses, ethniques, etc. C'est l'esprit laïque qui sous-tend cette pensée, et bien que certains l'aient accompagnée d'anticléricalisme, le concept de "mutualité laïque" est foncièrement un concept chrétien.
En effet la phrase "Aidez-vous les uns les autres." est la même que celle prononcée par Jésus, et qui est fondatrice du christianisme : "Aimez-vous les uns les autres." C'est la même phrase à une lettre près : le "m" devient un "d", l'amour devient aide. Jésus en a évidemment la paternité, et l'antériorité. Mais l'utilisation de cette phrase par Emile-Louis Picault pour sa sculpture prouve, une fois de plus, que le concept mutualiste est né là où l'amour du Christ était déjà profondément enraciné de longue date. Le Christianisme est bien le terreau sur lequel l'humanité construit ces outils de relations sociales, utiles à tous, fonctionnant dans la plus grande transparence et intégrité, pour le bien du plus grand nombre. Ce qu'apporte la mutualité est la traduction en actes de l'amour chrétien, qui ne doit pas rester au niveau des belles paroles. L'amour doit se traduire par des actes : c'est ce que la mutualité met en œuvre.

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2002.12.31
31.12.2002

En Parizo, la komunumo de Taisé [Teze] kunigas 80 000 gejunulojn el la tuta planedo : diverseco de la parolataj lingvoj. Malgraù c'iuj klopodoj de samtempa traduko, la kantoj kune kantataj estas angla-lingve. C'u ankoraù manifesto de maskata angligado de Eùropo ? C'u Frato Rog'ero kaj sia teamo ne havas eblecon kantigi la gejunulojn per la "Adoru" (Ekumena diserva libro : 2001), aù traduki iliajn kantojn en Internacia Lingvo ? Respekto de planedaj kulturoj necesigas la ne-uzadon de referenca kulturo en la plur-kulturaj kunigadoj : la lingvo de inter-kultura komunikado povas esti nur neùtrala lingvo, kiel Esperanto.

A Paris, la communauté de Taisé rassemble 80 000 jeunes de toute la planète : diversité des langues parlées. Malgré tous les efforts de traduction simultanée, les cantiques chantés ensemble sont en anglais. Est-ce encore une manifestation de l'anglicisation rampante de l'Europe ? Frère Roger et son équipe n'ont-ils pas encore la possibilité de faire chanter leurs jeunes sur le "Adoru" (Ekumena diserva libro : 2001), ou de traduire leurs chants en Langue Internationale ? Le respect des cultures planétaires passe par la non-utilisation d'une culture de référence dans les rassemblements pluri-culturels : la seule langue de communication inter-culturelle ne peut être qu'une langue neutre, comme l'Espéranto.

 

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